Poulinage
Le jour J approche, l'impatience se mêle à l'excitation et le stress... Il est grand temps de revoir la théorie pour dompter un peu mieux la pratique.
Nous allons ici détailler les grandes étapes d'une fin de gestation et du poulinage en lui-même, en considérant que la jument se prépare et pouline de façon normale. Gardons à l'esprit que certaines juments peuvent nous surprendre, ne pas respecter à la lettre ce qui sera présenté ici, etc, et ce, sans conséquences malheureuses pour elle-même ou son poulain.
Une jument miniature devrait être surveillée d'un peu plus près à environ 300 jours de gestation. Cela implique des visites quotidiennes et si cela vous est possible et relève de votre choix, de lui faire passer les nuits au box.
La mise au box semble être une solution particulièrement adaptée sur les miniatures car la proportion de mise bas qui ne se déroule pas normalement est plus importante que sur les grandes races. Ces risques accrus impliquent une bonne connaissance de votre part et une surveillance adaptée. Il est également possible d'opter pour une surveillance en extérieur et en paddock disposant d'un éclairage tamisé (proche du sol).
L'avantage du box, au delà de l'aspect pratique (gestion de l'éclairage, de la chaleur, de la surveillance), étant qu'il est plus simple d'intervenir en cas de problèmes : contention simplifiée pour la jument ou le poulain en cas de soins spécifiques.
L'avantage d'un paddock étant d'avoir plus d'espace pour permettre à votre jument de décider où elle mettra bas. Puis, de permettre au poulain de se mettre debout plus rapidement car il trouve mieux son équilibre sur un sol en herbe par exemple que sur une litière de box.
Moyen de surveillance & détection
L'installation de caméra dans le box ou le lieu de vie de votre jument est fortement conseillée car cela vous permettra d'observer le comportement de votre jument et de détecter les changements. Il existe également des systèmes de détection, le choix de ceux-ci doit se faire en fonction de vos installations - habitez-vous sur place ? votre jument est-elle au box ou en paddock ?
Il existe tout d'abord les systèmes qui détectent la position de la jument, et qui vous appellent lorsque celle-ci se trouve complètement couchée, ce qui implique qu'elle a des contractions :
-
Boîtier à placer sur le licol - Poulinage imminent - Bonne fiabilité - Présence de fausses alertes lorsque la jument se couche complètement pour dormir - Vite rentabilisé - Peu invasif : Breeder Alert, EquiAlert
-
Ceinture à placer au passage de sangle - Poulinage imminent - Bonne fiabilité - Présence de fausses alertes lorsque la jument se couche complètement pour dormir - Vite rentabilisé - Assez invasif - Difficile à adapter aux miniatures : Birth Alarm
Il existe également des systèmes qui prennent la température à intervalle régulier, cette dernière chutant peu avant le début du travail :
-
Système à placer au passage de sangle et entre les cuisses - Poulinage dans quelques heures - Excellente fiabilité - Très invasif : Radco
Par ailleurs, un autre moyen de déterminer l'approche d'un poulinage est de tester le pH du lait. En effet, ce dernier descend en dessous de 7 quelques heures avant la mise bas. C'est un critère non seulement fiable mais facile à mettre en œuvre. Il vous suffit de vous munir de bande pH (que l'on peut trouver sur internet ou au rayon aquarium de grands magasins), prélever une ou deux gouttes de lait que vous posez sur la bandelette. Le résultat est immédiat.
Il est possible, pour davantage de fiabilité, de cumuler le test du pH avec celui du Calcium. Pour cela il faudra, contrairement au pH, réaliser une dilution avec de l'eau déminéralisée. Des bandelettes spécifiques existent sur le marché.
Les sécrétions mammaires changent, non seulement dans leur composition mais également dans leur aspect. Plus vous approchez du poulinage et plus les sécrétions deviennent opaques et collantes.
Enfin, d'autres éléments plus ou moins fiables peuvent vous aider à appréhender l'approche d'une mise bas : relâchement de la vulve, modification de la forme du ventre, croupe qui se "casse", modification de comportement avec notamment des juments qui peuvent "jouer les étalons" et déclencher les chaleurs des copines à proximité...
Phase de préparation
La jument s'agite, transpire, tourne au box ou se roule à plusieurs reprises. Certaines changent radicalement de comportement et il n'est pas rare de voir une jument distante devenir câline, une autre être désagréable avec sa copine de prairie, etc. Les contractions ont commencé et le poulain se prépare à naître en se positionnant correctement. A ce moment là il est conseillé de laisser tranquille la jument et de simplement l'observer de loin. En fonction des juments cette phase peut durer plusieurs heures à plusieurs jours et peut s'interrompre si la jument est dérangée ou stressée. Chez les miniatures ce pré-travail est en général plutôt rapide.
Phase d'expulsion
Lorsque les contractions se rapprochent, la jument va perdre les eaux, se coucher de tout son long (rares sont celles qui restent debout pendant toute la durée de l'expulsion) et commencer à pousser. C'est la poche des eaux, l'amnios, de couleur blanche, que vous devez voir en premier, suivie d'un premier membre, d'un second, puis de la tête et enfin le reste du corps. Les membres arrivent de façon décalée pour permettre aux épaules de passer dans le canal pelvien.
Une jument primipare mettra plus de temps à pouliner, gardez un œil constant sur votre montre pour déterminer si une aide est nécessaire ou pas. S'il est impératif de ne pas être envahissant et de laisser la nature suivre son cours, il est également important d'observer et de compter les minutes. Une jument qui a des contractions et pousse depuis plus de 5/10 min sans aucune évolution de la situation doit être épaulée. Un poulain nouveau-né, contrairement à un veau par exemple, est très fragile et il n'est pas bénéfique qu'il souffre d'une mise bas un peu longue. C’est autant de temps qu'il lui faudra pour récupérer une fois né, et donc autant de temps où son organisme ne se focalisera pas sur ses besoins : se réchauffer, se mettre de bout, téter, expulser son méconium... Et il en va de même pour une jument qui se sera épuisée à mettre bas et qui ne se focalisera peut-être pas autant que nécessaire sur son poulain. A contrario, il est essentiel de ne pas en faire trop, cela peut avoir des répercussions sur la relation mère/poulain et votre jument, si elle en est capable, doit pouvoir gérer ce moment seule.
Une fois le poulain sorti, si la poche ne s'est pas rompue d'elle-même, ne tardez pas à le faire vous-même pour lui permettre de respirer. Il est inutile de couper le cordon à ce moment là : dans les minutes qui suivent l'expulsion, une grande quantité de sang et notamment d'anticorps est transmise au poulain.
Le placenta doit être expulsé dans les 3-4 heures qui suivent la naissance du poulain et vérifié afin de s'assurer qu'il ne manque pas un morceau. Une rétention placentaire est une urgence vitale pour la jument qui risque une infection utérine ou encore une fourbure aiguë.
En cas de doute, de mauvais placement, votre meilleur allié est l'appel à votre vétérinaire. Ce dernier pourra vous aiguiller par téléphone avant d'arriver.
Après la naissance
Une fois votre poulain né et réactif, il va se mettre à trembler, sa mère va le lécher pour activer sa circulation et le sécher. Si vous réalisez vous-même les injections des sérums antitétanique et trivalent (boost immunitaire et protection contre les septicémies), il est conseillé de ne pas trop tarder car les poulains miniatures sont bien plus dynamiques à la naissance et il peut être compliqué de piquer lorsqu'ils sont déjà debout et à l'aise sur leurs jambes. A titre personnel, je réalise ces injections lorsque le poulain est encore couché et mouillé pour éviter d'avoir à le maintenir si j'attendais davantage. Le cordon ombilical doit être désinfecté et, de façon facultative, du microlax ou bouchon de parafine peut être inséré dans le rectum du poulain pour l'aider à expulser son premier crottin : le méconium.
Certaines juments peuvent être agitée, pousser leur poulain, tourner autour, hennir : c'est une façon pour elles de l'inciter à se mettre debout et à venir aux mamelles.
S'il est important de procéder aux premiers soins du poulain, il est également primordial de surveiller sa jument afin de s'assurer qu'elle n'ait pas de saignement, qu'elle s'occupe de son nouveau-né, l'aide à aller téter etc. Une ration, des carottes, des pommes, peuvent lui être donnés à ce moment-là pour lui redonner un peu de sucre et d'énergie.
Dans les heures qui suivent la naissance, le poulain doit : se mettre debout, prendre ses premières tétées de colostrum (premier lait empli d'anticorps qui doit être ingéré dans les 6h au plus tard suivant la mise bas), expulser son méconium.
Et la jument doit : expulser le placenta, interagir avec son poulain, produire du lait et l'aider à trouver la mamelle, s'alimenter pour reprendre des forces.
C'est maintenant le moment pour vous de souffler et de savourer l'instant. A chaque naissance, c'est toujours le même émerveillement et lorsque tout se passe correctement, ce sont des instants d'infinis qu'il faut conserver précieusement.